La personne qui a écrit cet article est un chauffeur routier de l’autre génération, pas très loin de la retraite… A l’époque durant laquelle j’ai commencé à rouler avec un camion, j’avais 27 ans. (J’ai eu une autre vie professionnelle avant de devenir chauffeur routier). Lorsque j’ai commencé à travailler dans le secteur du transport routier, on m’appelait « DJ lainlain ». C’était encore à l’époque des tachygraphes à disques. Il n’était pas rare de changer de disque en pleine journée et lorsque nous allions vers la Hongrie, la Pologne, l’Italie… à plusieurs camions, il arrivait très souvent que l’on roule avec le disque au nom d’un autre chauffeur du convoi et parfois même avec un nom bidon.

 

Les contrôles ? Et bien nous pouvions dire ce que nous voulions, le gendarme (à l’époque c’était encore des gendarmes) n’avait que ses deux oreilles pour nous écouter. Il pouvait retourner le camion à la recherche d’un élément qui aurait pu trahir nos mensonges mais nous étions bien rôdés, pas eux !

Aujourd’hui, c’est le contraire, beaucoup de chauffeurs pensent être les plus malins mais la police aura toujours une longueur d’avance… A bon entendeur !

L’objet indispensable à l’époque, c’était un compas. Il nous servait à dessiner des périodes de repos sur les disques alors en papier. Bien entendu, les périodes de « repos » dessinées sur le disque et bien c’était des périodes de travail…

Je me souviens des dizaines de fois où je roulais la fenêtre grande ouverte avec la tête dehors pour rester éveillé. Je dois dire que ça marchait très bien en hiver… à moins 15 degrés !

J’ai pris conscience depuis bien longtemps que j’avais eu de la chance, la chance de ne m’être jamais endormi lors de la conduite de mon camion… Je suis toujours en vie alors que d’autres sont morts en conduisant leur camion !

Aujourd’hui, beaucoup de choses ont changé. Les employeurs ont été sensibilisés tout comme les chauffeurs. Et puis le nombre de procès-verbaux en a découragé plus d’un.

Mais il faut bien reconnaitre que si les choses ont évolué, c’est aussi grâce aux contrôles routiers et à la peur de la police. De nos jours, on peut se faire contrôler n’importe quand, n’importe où et par divers services de contrôles

Lorsque je suis devenu permanent syndical dans un « grand » syndicat belge, j’ai dû traiter plusieurs cas dont un dans une société qui obligeait ses chauffeurs à travailler plus que ce qu’ils ne pouvaient légalement faire. Quand on se retrouve avec huit licenciements pour faute grave dans la même entreprise en quelques jours à peine, on ne peut rester indifférent !

L’employeur hyper excité voulait me mettre une balle dans la tête. Le pauvre, s’il avait su que je n’avais pas peur de lui, il aurait fait profil bas. Finalement, cet employeur a déposé plainte pour diffamation, calomnie et harcèlement à mon encontre mais au vu du dossier, j’ai été vite relaxé ! Par contre lui a été dans l’obligation de s’expatrier bien loin de la Belgique et y est décédé quelques semaines plus tard ! Je n’ai vraiment pas l’esprit revanchard mais dans ce cas, je me dis qu’il n’y a pas que les bons qui partent rejoindre les étoiles…

Quoi qu’il en soit, notre syndicat s’est organisé pour venir en aide aux chauffeurs qui, malgré leur attention, se prenaient un procès-verbal. Dès que l’un de nous se fait verbaliser, nous demandons aux adhérents du SECOP-ITSRE asbl de nous prévenir, de nous envoyer le document reprenant l’infraction et de nous expliquer le pourquoi du comment. Mon passé professionnel m’a appris qu’il y avait toujours une solution à chaque problème…

Pour conclure cet article, je souhaiterais préciser qu’aujourd’hui, beaucoup d’entreprises respectent et demandent à leurs travailleurs de respecter les règles imposées par le législateur. Le transport reste un travail riche de rencontres, de souvenirs mémorables, d’amis de la route, de clients que nous aimons revoir. Et puis, lorsque vous partez le matin avec votre camion chargé pour livrer la marchandise ou encore lorsque vous laver votre camion après une bonne semaine de travail, et bien, beaucoup ne voudraient pas faire autre chose…

Bonne route et surtout restez entre les lignes !

Et si vous voulez quelques conseils pour que votre contrôle se passe le mieux possible, je vous invite à continuer la lecture…

Que faire en cas de contrôle routier ?

Se faire contrôler n’est pas toujours agréable et pourtant !

Au SECOP-ITSRE asbl nous avons une devise. Celle-ci dit « Si tu joues, tu dois savoir perdre… »

Nous le savons tous, dans la population des chauffeurs routiers (et pas que), il y en a qui jouent avec le feu sur la route et d’autres qui essayent de respecter les règles imposées par le Code de la Route ainsi que d’autres règlementations. Le point en commun entre ces deux catégories ? N’importe qui est susceptible d’être contrôlé un jour ou l’autre, d’où l’importance de rappeler ces quelques règles lors du contrôle.

Pour commencer, respecter l’injonction qui vous sera faite par un membre du service de contrôle. Si un contrôleur se place devant votre camion avec ses gyrophares allumés et que l’on vous fait signe de suivre la voiture du contrôleur, suivez-là prudemment et éviter les coups de freins brusques histoire d’éviter que le camion qui se trouve derrière vous ne vous percute. De ce côté, c’est rare d’avoir un chauffeur qui ne respecte pas cette injonction.

Une fois votre véhicule immobilisé sur le parking, les contrôleurs vous parleront avec respect. Respectez-les aussi car ce sont des travailleurs comme vous. Votre métier c’est de transporter des marchandises ou des passagers et leur métier, c’est de contrôler… Pour notre syndicat, leur métier est aussi important que votre métier (Vous avez eu l’explication de notre point de vue sur les contrôles en haut de ce texte) !

Une autorité, c’est aussi et avant tout, un être humain qui a ses sensibilités mais qui a également ses limites. Parlez aux contrôleurs avec respect même si vous êtes verbalisé. Le fait d’être « énervé » ne diminuera pas le prix à payer pour l’infraction qui vous sera reprochée, que du contraire, dans certains cas, vous pouvez aggraver votre cas. (Je vous propose de lire l’histoire qui est arrivée à notre adhérent qui se trouve au bas de ce texte. Il vous en apprendra beaucoup sur la bonne manière à respecter lors d’un contrôle).

Quoi qu’il en soit, nous demandons à nos adhérents de rester calmes et courtois avec les contrôleurs. Si vous êtes adhérents au SECOP-ITSRE asbl, nous vous rappelons que notre service juridique traite également les dossiers de procès-verbaux qui nous sont soumis (uniquement pour nos adhérents) et dans le cas où nous pouvons contester, nous vous défendons aussi devant cette juridiction du Tribunal de Police dans le cas où nous estimons que le procès-verbal n’était pas mérité. Il nous est déjà arrivé de traiter un dossier pour 2 minutes de dépassement (4h32 au lieu de 4h30) !!!

L’histoire d’un contrôle 

Je circulais sur une autoroute française lorsque soudain, j’arrive à un péage. La situation était un peu particulière car tous les camions devaient se rabattre à droite du péage.

Après avoir passé la barrière du péage, un gendarme me fait signe de m’arrêter à un endroit bien précis. Je fais ce qu’il me dit.

Il vient à hauteur de ma portière et me dit « Bonjour Monsieur, c’est la gendarmerie nationale, nous allons procéder au contrôle des documents de bord » Je lui réponds « Ah c’est bien, vous avez trouvé un beau métier aussi ». Je le vois sourire derrière sa grande moustache. J’ajoute « Vous ressembler à celui qui m’a fait aimer le métier de chauffeur routier » Il me répond « On me l’a déjà dit plus d’une fois que je ressemblais à Max Meynier » d’un air vraiment sympathique.

Il prend les documents de bord, la CMR et contrôle l’ensemble. Il revient et me dit « C’est parfait, pourrais-je avoir votre carte tachygraphe s’il vous plait ? ». Je lui réponds « Bien sûr » et je m’exécute. Il me dit « elle est bonne ? » je lui réponds « Dans l’ensemble oui mais je pense qu’il pourrait y avoir quelques petites infractions car en Belgique il n’est pas toujours facile de trouver une place pour stationner le camion car les Villes et Commune font tout pour éviter de laisser des espaces pour éviter le stationnement des camions pour diverses raisons que je peux comprendre »

Il revient cinq bonnes minutes plus tard et me dit « Ok tout est parfait » toujours avec son petit sourire caché derrière sa moustache.

Lorsque je suis rentré chez moi, j’ai fait une lecture de ma carte et j’ai constaté qu’il y avait quand même cinq petites infractions qu’il aurait pu verbaliser…

Restez cool, expliquez le pourquoi du comment sans monter le son de ma voix, et tout s’est bien passé.